Laisse tomber les chansons, et si on bossais un peu ?

On resta encore un peu, avant d'aller prendre un bus jusqu'à son immeuble. Le genre... bah, centre ville quoi, et tout ce que ça sous entendait. Maddy salua le portier qui avait l'air d'un brave gars, même si je n'enviais pas sa place. Ça devait être royalement ennuyant comme boulot. Nous nous retrouvâmes en 2-2 dans l'ascenseur. Maddy appuya sur le bouton 8.

*Hé merde...*

Huit étages... C'est long à monter. Mais je crois que j'aurais préféré prendre l'escalier. Oui, j'étais parfois à la limite de la claustrophobie. Je n'aimais pas les endroits renfermés et étroits. J'avais besoin d'espace... Je gardais mon regard fixé sur le cadran aux leds qui changeaient à chaque étage. Trop lentement à mon goût. Génial je devais être le type le plus barré de l'univers : il a pas peur de se jeter dans la fosse au lion, mais il a peur dans un foutu ascenseur !

- tu vas découvrir mon antre, t'as pas peur ?

Hein ?

Je décollais un instant mon regard du cadran.

Ha, euh... Non. Sauf si t'as un chihuahua. Ces monstres-là me terrorisent, ironisai-je.

Le "ding" de l'arrêt final de la cabine résonna, et un imperceptible soupir de soulagement m'échappa. Je suivis mon amie jusqu'a son appartement.

- Maman c'est moi ! Désolée du retard.

Quoi ? Parce qu'en plus il y avait maman-mamounette ? Hé, mais j'allais vraiment devoir bosser quoi ! Pas de réponse. Il y avait donc une petite chance pour que je la déconcentre suffisamment pour qu'elle oublie de bosser. J'eus droit à la visite guidée de l'appart'. C'était sympa dans le genre, j'avais comme l'impression que Maddy y était pour quelque chose, niveau déco.

- J'te montre ma chambre, mais c'est un peu le bazar donc t'inquiète pas.

Tu verrais la mienne...

C'était pas tant le bazar que ça en fait...

Ok, ma chambre, c'est un champ de bataille à côté de ça.

- Bon bah voilà ! On va bosser au salon, qu'est-ce t'en penses ?

Gnah, bosser bosser, ... mais c'est quoi cette fille ! Elle est pas humaine c'est une machine.

Ça roule ma poule.

Nous retournâmes donc dans le salon, pour nous installer et "bosser". Maddy s'y mit directement, moi je trainais les pieds comme d'habitude. Je sortis mes affaires de maths. Je regardais mon exercice fixement, le stylo dans la bouche, tapant un rythme avec mon crayon à papier. La fonction exponentielle ne m'inspirait vraiment pas du tout.

Hé, logarithme et exponentielle sont au resto. Qui paye l'addition ?

Maddy me regarda bizarrement.

Bah, exponentielle, parce que logarithme ne paie rien. Nepérien. Ha ha...

Franchement à quoi ça servait que je me casse la tête sur ces problèmes de maths vu que le prof allait invariablement me virer au bout d'un quart d'heure.

Alors toi ! Tu sais pas rester cinq minutes sans faire le pitre.

Percé à jour ! Elle sourit puis finit par rire, il faut dire que je devais avoir la tête comique du gamin compètement dépité, limite au supplice...

Allez te décourage pas !! Fais voir.

Je suis déjà découragé...

Elle pris mon cahier, et trouva le poblème au premier coup d'oeil. Elle commença à m'expliquer comment résoudre l'équation. En effet, vu comme ça ça paraissait simpliste... Elle me laissa faire la suite par moi-même.

*Ouais, c'est plus simple quand c'est quelqu'un qui le fait...*

J'essayais de résoudre ce foutu machin, mais rien. La lumière divine, très peu pour moi, apparemment. Je finis par dessiner dans les marges et écrire les paroles de chansons qui me passaient par la tête. Autant dire, rien de vraiment mathématique.

- Ok, je comprends c'que veut dire cette tête ! T'es pas possible. Bon je finirais ça plus tard. Tu veux manger un truc, regarder un film, sortir ?

Gagné !!! J'étais si désespérant que ça ? Une part de moi s'en voulait un peu, parce que Maddy avait sans doute vraiment envie de bosser, pour se faire un dossier en béton armé, et moi je l'en empêchais. Mais cette partie était minoritaire. Un jour peut-être que je réussirais à essayer de réfléchir plus de cinq minutes d'affilée sur un problème de maths. Le jour où je me soucierais réellement de mon avenir... Pas demain la veille en gros!

Je veux bien manger, ouais, c'est un bon début. Et après...

Je laissais ma phrase en suspens pour réfléchir un peu. Il y avait plein de choses à faire, mais à mon avis, elle ne serait pas trop partante pour un truc complètement barré. Bon, et si j'essayais de me calmer un peu, l'espace d'une soirée ?

Une soirée films pépère ? Pas de grandes expéditions frappadingues pour ce soir ? A moins que tu n'aies de meilleures idées !


[ps : j'écris en vert parce que c'est la saint patrick et on s'en branle !]

Va pour une soirée films ! J'en ai des
tas, de toutes sortes en plus ! On va se faire du pop corn et tout un
tas de cochonneries ! Et on fera les expéditions ce weekend si tu y
tiens tant. ^^

Mais c'était génial, j'étais vraiment trop fort ! Je souris fier de moi. Elle me prit la main et me leva, histoire de l'aider à préparer le pop corn.

Hey ! Mange pas tout non plus, nah mais ho !

Je lui tapais gentiment sur la main. Si elle mangeait tout, j'allais mourir de faim moi. La soirée promettait d'être amusante. On sortit ensuite de quoi manger et boire du frigo. Au moins, ce serait pas un diner de pince-au-cul, avec des plats où tu pouvais mourir de faim avant que l'on ait fini de dire le nom. On alla s'installer devant la télé, tout poser, et Maddy alla chercher les DVDs.

- Tiens, choisit en un. Et un bien hein !

Dis que j'ai aucun gouts aussi, j't'en voudrais pas.

Je fis mine d'être vexé, et observait mieux les DVDs devant moi. Il y en avait pas mal de biens. D'autres que je n'aurais regardé pour rien au monde... Je brandit fièrement ma trouvaille : "Edward aux mains d'argents" de Tim Burton.

Ça te va ? C'est assez bien pour mademôiseeelle ?

Je lui tirais la langue. Et mis le DVD en route, avant de retourner sur le canapé.

Allez, fait pas la tête, tu choisiras le prochain... Tiens venge toi sur le pop corn !

Je lui passais le saladier, me servant au passage.

Le film passa peinard. Tim Burton était un de mes réalisateurs préférés. Le saladier ne survécut pas aux deux cinéphiles que nous étions, ainsi que la plupart des vivres amassés un peu auparavant.

- On s'en fait un deuxième alors ? Je choisis.

Ok poulet !

J'esquivais le taquet en lui tirant la langue. Trop prévisible. Elle attrapa le range CD et se mit à le feuilleter. Elle finit par arrêter son choix. L'effet papillon. Pas mauvais comme choix.

- Met celui là !! J'vais refaire du pop corn.

D'acc. Mange pas tout en chemin hein !

Elle me tira la langue en partant et je m'occupais de mettre le DVD. Quand Maddy revint, j'appuyais sur lecture. C'était parti pour deux heures de plus. Pour être une soirée tranquille c'était une soirée tranquille. Je sentit sa tête se poser sur mon épaule. En prime, en plus d'être tête à claque, j'étais oreiller de service. Mais bon, c'était pas forcément désagréable.

Ce qui était désagréable en revanche, était le fait que Madison prenne ma chemise pour un mouchoir - au moins, elle avait eu la distinction de ne pas se moucher avec - au moment ou Evan raconte tout à Kelly.

- Le pauvre... C'est triste tu trouve pas ?

Elle releva la tête et sembla étonnée de voir ma tête plutôt affligée.

Ce que je trouve triste, c'est que tu prennes ma chemise pour un Kleenex.

Je lui souris taquin et essuyais gentiment une larme solitaire.

T'es trop émotive, tu sais ?

- Je suis une petite fille sensible j'y peut rien ! Je ne suis pas qu'une machine donneuse de claque !

Ben moi, j'étais pas sensible pour deux sous. Elle dit ça avec des yeux de cocker. Elle leva la main. Quoi j'allais m'en prendre une encore ? ... pour simplement m'ébouriffer les cheveux. Puis elle me fit tourner la tête en disant que le film n'était pas fini. Elle reposa sa tête sur mon épaule.

C'était un bon film, le genre que j'aimais bien. Un peu avant la fin, j'avisais une boite de mouchoirs. Si bien que je la tendis à Maddy avant qu'elle n'achève ma chemise.

- Merci. Désolée.

Elle s'essuya les yeux. Ça faisait drôle de la voir avec les larmes aux yeux. Ainis elle était quand même humaine.

T'inquiète. Je ne te tiendrais pas de rancune face à ton accès d'humanité, plaisantai-je en lui faisant un lin d'œil.

Elle arrêta le lecteur DVD, il était presque une heure du mat'. Maddy ramena les plats à la cuisine, je restais dans le canapé, en baillant. Je l'entendis passer un appel. Bon, vu que j'avais rien fait de stupide (enfin pas à ma connaissance) elle devait pas appeler les flics. Par curiosité je me levais et m'approchais un peu, assez pour percevoir quelques bribes de mots mais rien de très précis. Pas comme si j'épiais vraiment. Je l'entendis raccrocher, j'entrais donc dans la pièce, mine de rien. Elle éclata de rire en me voyant.

*Mais hé ! J'avais rien fait de drôle !*

- Tu veux prendre un café ou un truc du
genre ? Je sais qu'il est tard mais... ça te dérange de rester encore
un peu... le temps que ma mère rentre.. J'aime pas trop être toute
seule ici.

Tard ? Tôt plutôt... On a peur d'être toute seule ?

Je lui souris, amusé. Mû par une impulsion débile -comme la plupart de celles que j'avais- je me rapprochais d'elle, jusqu'à presque la coincer contre le plan de travail et posais mes mains de chaque côté d'elle.

Tu n'as pas peur d'être toute seule avec moi ? fis-je d'un ton neutre.

Une idée me traversa l'esprit, j'espérai qu'elle me connaissait assez pour savoir que je n'avais rien de méchant... et que surtout, surtout, elle n'aurait pas l'idée de remonter un peu trop violemment son genou. Je m'étais penché vers elle, et je pouvais sentir son souffle chaud sur la peau de mon cou. On était dangereusement proche somme toute.

Mes yeux étaient invariablement attirés par ceux, d'un vert intense, de Madison, légèrement écarquillés, elle ne savait pas trop ce que j'étais en train de faire. Moi non plus. Nos visages se rapprochèrent encore, jusqu'à ce que nos lèvres se touchent. Elle m'embrassa, où était-ce moi qui l'embrassait ? Un peu des deux sans doute. Qu'est-ce qui m'avait traversé l'esprit ?

Elle sembla recouvrer la raison en premier et me repoussa, l'air confuse. Je ne devais pas en mener large non plus. Non pas que je ne sois pas habitué à embrasser -filles comme garçons selon l'humeur-, mais c'était Maddy. Mad Maddy, Miss Taquet...

- Je ... je ... tu ...

Elle me fixa, les joues teintées de rouge, ne sachant pas quoi dire. Merde, Maddy quoi. Qu'est-ce qu'il m'avait pris bordel ! Maintenant, elle n'allait plus vouloir de toi, même pas comme ami.

D-désolé. C'était débile de ma part.

Je fixais mes pompes, leur trouvant un attrait soudain. A force de faire le bouffon, je me mettais dans des situations dont il ne pouvait rien sortir de bond, parce quoi qu'il arrive, je savais que mon attitude foutrait tout en l'air. Mais quel con franchement ! Je relevais la tête, piteux.

Je suis vraiment désolé. J'ai encore fait le con... J'crois qu'il vaut mieux que je parte...

Je me détournais. Dans ma tête, c'était sûr qu'elle allait m'en vouloir, il valait mieux que je parte. C'est ce que pensait une partie de moi, l'autre voulait rester, voir ce qu'il allait advenir. Un qui voudrait que Madison le laisse partir, et l'autre qui voudrait qu'elle le retienne.

*T'as encore tout gâché gros malin, t'es vraiment trop con*

Comme si j'avais des centaines d'amis ici... Et la petite voix dans le fond de ma tête qui disait "retourne toi, reste là. Rien n'est joué encore." Non, rien était joué mais j'avais l'impression d'avoir perdu d'avance...

Alors que j'étais presque arrivé à la porte, Maddy me rejoignit.

- Jazz ! S'il te plaît pars pas ! je... Je suis désolée excuse moi ! Je voulais pas...

Mais pourquoi elle s'excusait ? C'était moi qui avait fait le con, non ? Elle ne me regardait pas. Je m'étais arrêté, indécis. On devais avoir l'air bien cons tous les deux. Elle releva la tête pour me fixer, ses yeux étaient embués.

*crétin, crétin, crétin, crétin *

- On est amis, non ? Si tu pars, on va faire quoi de ça ? et... avec qui je m'amuserais ? À qui je mettrai des baffes ?

Oui, c'était vrai, on était amis. La fin de sa phrase me tira un petit sourire, oh, elle pouvait en trouver d'autre des gens avec qui s'amuser, à qui coller des baffes... Elle me prit le bras.

- S'il te plaît...

A croire que j'étais masochiste et que j'aimais me faire frapper...

Je reste...

Je la pris dans mes bras. Sa tête m'arrivait tout juste au menton ce qui en temps normal m'aurait fait rire.

Mais à condition que tu arrêtes de te prendre pour une fontaine, hein... T'es plus jolie quand tu souris.

Mais ta gueule ! Pourquoi tu dis ça crétin ! Dans la série roi des gaffes, envoyez la palme d'or !

Bon, j'te promet de pas m'enfuir en courant, donc on peut partir de l'entrée, non ?

J'espérais aussi qu'elle fasse pas gaffe à ce que j'avais dit avant...

- Bonne idée, on s'le fait ce café ça te dis !?

Ouais, ou alors j'vais m'endormir comme un gros tas.

En revenant à la discussion originale, c'était comme si on effaçait l'épisode qu'il y avait eu entre temps. Je restais légèrement en décalé, histoire de ne pas commettre de nouvel impair. Retour à la cuisine. Madison ouvrit un placard.

- Bon je peux pas te faire ton préféré
parce que j'en ai pas, mais j'ai pas mal de marque différente alors dis
moi ce qui te ferais plaisir... un truc où tu met pas trop de sucre
sinon tu vas devenir insupportable.

Elle commença a rire.

Mais euh ! J'suis pas insupportable ! Même quand j'ai bu du café avec/sans sucre !

Je ris à mon tour, c'est vrai que des fois j'étais chiant à un point, mais c'était parce que je faisais toujours le pitre, ou alors que j'arrivais pas à garder mon sérieux plus de cinq minutes. Je regardais dans le placard. Il y en avait tellement que je voyais pas ce qu'il y avait de différent.

Bah euh... Celui-là.

J'en choisis un au hasard, ce qui tira un nouveau rire à Maddy. Je vérifiais que j'avais pas pris une boite de thé. Non. AU moins l'honneur était (presque) sauf. Elle bailla.

T'es fatiguée ? Tu veux pas te coucher ? Parce que le café, à une heure du mat' c'est bon pour faire nuit blanche.

Surtout avec moi... Finalement on retourna s'installer sur le canapé, sans vraiment regarder la télé. Il y avait un petit silence un peu pesant. Rah merde pourquoi j'avais fait le con moi ? Voyant que Maddy s'endormait presque je la pris dans mes bras, histoire de remplir mon rôle d'oreiller. J'espérais que je n'étais pas inconfortable.

Malgré le café, je tombais dans une espèce de demi sommeil très léger. J'ouvris les yeux en grand lorsque j'entendis la porte s'ouvrir. Quelqu'un vint derrière nous je tournais la tête et fit un petit sourire à celle qui devait être la mère de mon amie.

- Ma puce, je suis là.

Elle embrassa sa fille sur le front. C'était ... mignon. Elles avaient l'air très proches. Enfin, il fallait bien ça.

- C'est ton ami !? Ravie de vous rencontrer jeune homme, je suis shannen, la maman de Madison. Merci de vous être occupé d'elle.

Y a pas de mal madame. Je m'appelle Alistair. Et pour être franc, c'est plutôt elle qui s'est occupée de moi... pour m'aider en maths.

J'eus un petit sourire à nouveau. Maddy se leva et je l'imitais. Elle allait parler lorsque sa mère repris parole.

- Reste dormir ici mon garçon, on à une chambre d'amis. En plus il est tard et les rues sont dangereuses.

- Maman !

Pour le danger des rues c'était pas forcément pire que certains quartiers de Detroit une fois la nuit tombée. Mais cela ne m'étonna pas à moitié que Shannen s'inquiète comme ça, vu comme la fille avait tendance a se prendre pour ma mère.

Je ne voudrais pas déranger...

Je jettais un coup d'œil à Maddy elle avait l'air d'être indécise, mais quand même de l'avis de sa mère. Elle me mit un petit coup d'épaule.

- Allez, viens suis moi. Tu reste c'est une obligation.

C'est qu'en plus tu me séquestrerais ?

Je souris et suivis Maddy.

Elle a l'air plutôt cool ta mère.

- Elle à pas que l'air. Et sa fille à
hérité de ça. Bon à part pour les baffes, je sais pas de qui je tiens !
Ça doit venir de toi j'pense.

Pourtant je suis un ange !

Il faisait plutôt bon dans la chambre d'amis, en même temps, il aurait fait froid ça ne m'aurait pas empêché de dormir.

- C'est sympa que tu sois resté. et...
encore désolée pour tout à l'heure.. Non pas que ça ai été nul ou
autre, c'est pas ça, mais... enfin bref !

T'en fais pas pour ça. S'il y a un fautif, je pense que c'est plus moi.

Embarrassée, elle ouvrit un placard et chercha quelque chose dedans. Peut-être un oreiller. Sa mère entra.

- C'est bon ça te conviens Alistair ? Je suis ravie que ma fille ai trouvé un si gentil jeune homme.

Si gentil ? Ai trouvé ? Y a un truc bizarre dans cette phrase... ça fait un peu genre... on est ensemble. Les mères s'imaginent des choses des fois...

C'est parfait madame.

Maman ! Arrête de l'embêter.

Je souris de l'embarras de Maddy, bien que je sentis mes oreilles chauffer légèrement.

- Bonne nuit Ali'. Demain j'te réveille à 7h ? ... Nan je rigole !! hahahah. Dors bien.

-Bonne nuit Maddy, bonne nuit madame Thunder.

Elles sortirent de la chambre et mon amie ferma la porte. Je baillais à m'en décrocher la machoire. Heureusement demain il n'y avait pas cours, j'avais du sommeil à rattraper. Pour une fois que je n'avais pas dormi en anglais... Je retirais ma chemise et sans faire exprès appuyais sur l'interrupteur. Noir total.

- Il est très mignon ton petit copain.

Hein ? Je ratais se que je pensais être l'interrupteur, me pris les pieds dans je sais pas quoi et me vautrais lamentablement. Je lâchais une série de jurons bien sentis avant de me rendre compte que j'étais pas chez moi. Pas de réaction. Ouf. Je me mis en boxer et me couchait, tout cela dans le noir le plus total, j'avais pas envie de défoncer la baraque pour trouver un interrupteur. Je m'endormis rapidement, d'un sommeil de gosse.

Je me réveillais vers 9h en pleine forme. Je m'étirais et mon épaule gauche craqua. Me sentant complètement alerte, je repoussais draps et couvertures et me levais. vu que c'était plutôt indécent de se présenter en boxer devant la mère d'une amie que l'on avait juste rencontré la veille, je m'habillais en vitesse, laissant ma chemise ouverte sur mon t-shirt, sans verifier si ce dernier était à l'endroit. J'étais peut-être pas tout à fait réveillé en fin de compte.
Je me dirigeais vers la cuisine. Shannen était déjà levée.

Bonjour m'dame.

Bonjour Alistair, tu as bien dormi ?

Comme un bébé ! Maddy n'est pas encore levée ?

Vu qu'elle n'était pas dans la pièce, c'était soit ça, soit elle était dans la salle de bain. Comme il n'y avait pas de bruit d'eau ou autre, j'en conclus qu'elle devait encore dormir...

Non, mais je pense que tu peux aller la réveiller. Ce n'est pas trop tôt.

Je lui souris. Oui elle était vraiment cool cette maman. Je me dirigeais vers la chambre. Maddy dormait en plein milieu du lit. Je rentrais vite dans la chambre en essayant de pas la réveiller, mon petit plan se construisant au fur et à mesure dans ma tête. Autant dire qu'un réveil comme j'avais gratifié Tristan était impensable, il fallait faire plus soft. Je me posais sur le lit juste à coté d'elle, et lui déposais un baiser sur le front, puis un dans le cou, juste en dessous de l'oreille, avant de commencer à chanter.

Tell your friends not to think aloud
Until they swallow
Whisper things into my brain
Your voice sounds so hollow
I am not a leader of men
Since I prefer to follow
Do you think I could have a drink
Since it's so hard to swallow
So hard to swallow

So turn the television off
and I will sing a song
And if you suddenly have the urge
You can sing along [...]


Leader of men. Une chanson calme pour se réveiller en douceur... Ou pas.

Maddy se réveilla en sursaut, fit un bond et... se vautra du lit. Je chantais si mal que ça ?

Tu m'as fais peur ! elle était sympa ta chanson. C'est Nickelback, non ?

Elle se releva en riant et s'assit sur son lit.

Oui, Leader of men. Je voulais pas te faire peur, hein... Ta mère m'as dit que je pouvais te lever.

Je lui fis un grand sourire et j'eus droit à ma calotte matinale, qui ne m'arracha qu'un rire.

- Me refait jamais ça au matin ! Bon, on va manger un truc ?

Promis... Ça t'arrive de faire la sieste ? fis-je taquin.

J'évitais un taquet de plus et nous rejoignîmes la cuisine. Sa mère avait tout préparé. Waow.

Je vous ai fait des oeufs avec du bacon. Il y a aussi des céréales, enfin un bon petit déjeuner.

Trop bien ! Merci beaucoup !

Mon estomac gargouilla très peu discrètement, dans toute la splendeur d'un métabolisme d'adolescent.

Oops. Désolé.

Sa mère rigola, puis nous dit au revoir, car elle devait s'occuper d'enfants. Elle répéta qu'elle était contente de m'avoir vu. Je lui retournais la politesse. Elle partit et nous fûmes de nouveau seuls. Maddy me tendit l'assiette de bacon.

- Elle t'as pas fait l'inquisition espagnole ce matin, ça va ? Elle est pas habituée à... à voir des mecs avec m.. enfin ici !

Elle but une gorgée. Je compris donc que plus ou moins, elle avait ramené peu de garçons...

Non, elle ne m'a rien demandé de spécial. Pourquoi, elle aurait du ?

Je me servis du lait et commençai à manger. Ça faisait du bien, parce que hier soir, ça n'avait pas été un vrai repas... C'était amusant de voir Maddy toute décoiffée, elle qui avait toujours une apparence nickel chrome. Moi je devais juste avoir les cheveux plus en pétard que d'habitude. Le carrelage était tiède sous mes pieds. Ah, j'avais oublié les chaussettes...

Tu avais quelque chose de spécial à faire aujourd'hui ?

- A ma connaissance non. Peut être mes
devoirs à finir à la rigueur mais y a dimanche pour ça. ... Et toi ? Tu
avais envie que.. qu'on fasse un truc ?

Bah j'sais pas. Il doit bien avoir des trucs sympas à faire dans le coin, non ?

Je cherchais ce qu'on pourrait faire, mais je n'avais pas trop d'idée. Je remarquais que Maddy me fixait. Et qu'elle avait une moustache de lait.

Tu devrais songer à te raser la moustache, fis-je en riant. Les femmes à barbe ont pas vraiment de succès. Et puis t'es mieux sans !

Je lui fis un clin d'œil. En espérant qu'elle ne le prendrait pas mal.

Pourquoi tu me fixes comme ça ? J'ai une tâche ?

Je regardais mon t-shirt. Non, il était propre. Et à l'envers aussi. Bravo le boulet !

Tiens, quelqu'un à retourné mon t-shirt.

Je me levais, enlevais ma chemise, sans rien éclater pour une fois, puis mon t-shirt. Puis je me rendis compte que Maddy était dans la pièce... Heureusement que sa mère était partie parce que le tableau aurait été comique.

Non, ceci n'est pas un strip-tease. J'avais juste mis mon t-shirt à l'envers. Et oui, à 17ans certains ne savent toujours pas s'habiller.

J'avais l'air con à me justifier comme ça. Je réenfilais t-shirt et chemise. Je me rassis. Le bacon et les œufs avaient pris mal. Quand je mange, je ne fais pas semblant...