Un commis barjo, un piano... et un hommage à Ray Charles ?

La journée était belle, un peu fraîche mais ça allait encore. Je flânais dans les rues, MP3 sur les oreilles, me laissant aller au rythme de la musique. Je pris le bus. Il était presque entièrement remplie. La ligne 6 était toujours la plus bondée, je ne la prenais pas souvent mais pour une fois, j'avais pris le premier bus qui passait. J'avais le goût de faire un petit tour de ville. Je levais les yeux pour regarder les arrêts...

* Oh ! Il va au conservatoire ! Et si j'y allais... *

Depuis que j'avais passer ne soirée musicale avec les frère Galloway, j'avais développé une addiction à la guitare et j'aurai aimé savoir si des cours pouvaient m'être donné. Si tel était le cas, ma mère paierais, comme pour tous mes autres fantasmes de gosses. Je revoyais dans mon esprit les cadavres de trompette, batterie, tutu et ballerines, tenue de sport divers, foot, basket, natation, etc... et autres lubies que j'avais pu avoir étant petite ! J'avais pratiquement tout essayais en peu de temps. Je ne m'intéressais pas trop à tout ces trucs. Étrangement, c'était le jour où j'avais joué avec la machine à coudre de ma mère, me débrouillant pour me foutre un morceau de fils dans la main, bien cousue, que j'avais commencé à faire de la couture. C'était utile quand on avait des fringues qui ne nous allaient pas ou qu'on voulait ajouter des accessoires plus personnels.

Le bus faisait sans cesse des arrêts, dans différentes rues. Des gens montaient plus qu'il n'en descendait. Au bout du quatrième arrêt, et en ayant marre d'être compressée, je poussais les gens pour sortir. Il ne restait que quelques pattés de maison avant d'être en vue du Conservatoire. C'est en dansant à moitié et fredonnant, que j'arrivais enfin devant le bâtiment.

* Wooow ! Il est classe ! Ça doit douiller niveau pris d'inscription ! Heureusement que la daronne est toujours prête à financer mes envies ! *

Si ma mère ne faisait pas mes quatre volontés, elle ne me revoyait pas pendant une semaines. Ça la faisait tellement déprimer et lui foutait les boules depuis mon... l'incident survenue une nuit. Elle préférait me savoir en sécurité, surtout la nuit, même si je sortais quand même, pas très loin ou pas sans Hailey.

Les portes étaient ouvertes, mais il n'y avait personne. Les couloirs étaient long et vastes, mes pas résonnaient fort. C'était très calme. Je retirais même mes écouteurs pour profiter du calme ambiant. Je fut prise d'une envie stupide, faire la roue. Je me lançais dans cet exercice acrobatique. J'adorais faire la con et ici il y avait moyen de s'amuser. Je partis à rire de moi même, mon rire se répercutant sur les murs en un échos lourd.
Soudain, étant au beau milieu d'un couloir de l'aile Ouest, j'entendis de la musique. Et une voix. Je me figeais pour mieux l'écouter. L'écho de cette voix était vraiment beau. J'allais jusqu'à la salle sans faire de bruit. J'entrais et vis un homme assis au piano. Il chantais du Ray Charles. Je m'approchais silencieusement, ne voulant pas le perturber. Le morceau s'acheva, faisant un dernier son s'échapper de l'instrument.

- C'était magnifique... soupirais-je.

L'homme sursauta et se retourna vivement. Je sursautais à mon tour. Je reconnu alors Alistair ! J'étais surprise. Il était vraiment un virtuose. De nombreux talents cachés.

- Excuse moi ! Tu viens en douce ici au lieux d'être en cours ? Tu fais ton blouson noir !

Il avait du sécher ses cours pour venir ici. J'avais fait de même pour éviter ma prof d'histoire. Au moins, je n'étais pas la seule. Il avait son uniforme, négligemment porté, comme le mien, à moitié débraillé ! C'était drôle de se retrouver ici

Il avait fini les cours plus tôt et s'était fait engager comme commis. Il voulait se faire de l'argent alors que son frère crouler sous l'or ? Tristan était-il si radin que ça ?

- T'as bien de la chance d'avoir fini tôt, moi j'ai du me sauver de mon cours d'histoire ! Et sinon, t'es censé faire quoi ici ?

- Je suis censé livrer des trames de papiers... et je suis tombé sur le piano ! J'ai pas résisté. Faut jouer au conservatoire au moins une fois dans la vie !

Ce devait être un travail un peu ennuyeux. Se passant la main dans les cheveux, Alistair me demanda depuis combien de temps j'étais là.

- Oh pas plus d'une minute, je t'ai entendus de loin et, curieuse comme je suis, j'ai voulu voir qui jouait. J'ai trouvé ça super sympa.

Son interprétation un peu déjanté était à son image. Il était doué pour la musique, c'était indéniable ! Peut être pourrait-il m'apprendre la guitare ! C'était le seul instrument que je n'avais jamais essayé, avec l'accordéon et la harpe, mais sinon, j'avais touché à a peu près tout. Je ne maîtrisais pas tous les instruments trônant au grenier, ceux qui m'avais vite saoulé comme la trompette ou le triangle, avaient finis bien au fond, jeté en vrac. La batterie était dans la chambre de mon frère e j'en jouais quand mes parents me gonflais. Seul le violon et le piano avait résisté, obligation de mon père de savoir en jouer à la perfection... valait mieux écouter papa. Alistair me tirra de ma contemplation du piano.

- Euh... tu sais jouer ?

- Du piano ? Oui, j'ai appris il y a quelques années. Tu veux que je te joue du Bethoven ?

Je partis à rire. Je pensais au chien plus qu'au compositeur, mais à pat ça tout allait bien. Je m'installais à son côté et tournais les yeux vers mon camarade.

- Si je joue, tu m'apprendra la guitare ? J'ai pas osé demander à ton frère, il est déjà bien occupé. Mais... toi, tu accepterais ? Je te paierais si tu veux, ça c'est pas de problème !!

J'avais envie d'apprendre avec quelqu'un que je connaissais. Les professeurs m'énervaient très vite en général. Mais avec un ami, ça passerait peut être mieux. J'essaierais de ne pas lui claquer la guitare sur le coin de la gueule si je n'y arrivais pas du premier coup. Je devrais peut être le mettre en garde que j'étais une élève très indisciplinée.. mais la surprise serait d'autant plus drôle.
Attendant sa réponse, j'entonnais la chanson Apologise, de One Republic. Chanson pas très réjouissante, mais une de celle que je préférais. Je devrais jouer plus fort pour couvrir ma voix. J'hésitais toujours à chanter devant les gens mais la musique m'entraînais à chaque fois.

J'aimais cette chanson, elle était calme et douce, une chose que je n'étais pas vraiment, ou du moins que je ne montrais pas. Alistair me complimenta sur ma façon de jouer, mais il dit aussi que je devrais laisser ma voix prendre plus de place sur la musique.

- Ah oui, désolée, je ne suis jamais sûre que ça aille, je ne chante que rarement pour un public. Alors... prof ou pas prof ?

- Ce sera un plaisir de te donner des cours de guitare ! Si t'arrive à supporter un gros taré, n'ayons pas peur de le dire, en guise de prof. Quant au mode de paiement, je m'en fou un peu. La musique, ça n'a pas de prix.

- Du moment que tu arrives à supporter une élève tyrannique qui est capable de te balancer la guitare dans les dents si tu la fait trop chier, bah ça passera ! Tu as le droit de m'en coller une si j'te fais chier, mais attends toi à une réplique de ma part !!

Heureusement, ça devrait se passer mieux avec lui qu'avec mon ancien prof de piano à qui j'avais un jour refermé le capote sur les doigts parce qu'il refusait de m'apprendre une chanson de mon choix.
Alistair était décidément très drôle. On avait bien sympathisé. Il nous restait des choses à apprendre mais durant nos cours ce serait possible. Il devrait supporter l'inquisition espagnole, comme il le disait si bien.

- Tu veux que je t'accompagne à finir ton boulot avec tes papiers ? On pourrait aller boire un café après comme ça. C'est ma tournée !

J'étais de très bonne humeur pour payer un café à quelqu'un. Peut être la perspective d'un vengeance éminente sur l'aristocratie ou le simple fait de partager mon esprit tordu avec celui de Billy !
Alistair semblait attiré par l'idée de se faire un Starbuck [ ] avec moi. Et moi j'adorais sa compagnie si vivante et si... décalée qui changeait de mes autres fréquentations.

On se leva pour quitter la pièce. Il faudrait qu'on y revienne un jour, ou... un soir ! Jouons les blouson noir. Avec lui c'est ça qui était bien. Pas besoin de rester calme et faire semblant d'être coincé. On rencontrait peu de gens comme lui par ici. Était-ce parce qu'il venait du Michigan ? Peut être. Tristan était aussi un déchaîné dan son genre.
Nous arrivâmes devant ce qui semblait être le bureau de la secrétaire. Je le laissais entrer seul car la femme y était et que ça aurait fait mauvais genre pour lui. J'entendis la « charmante » voix de la nana. Les portes de prison étaient plus agréables qu'elle... Et ça je pouvais l'affirmer en connaissance de cause...

- Pas très commode celle là ! soufflais-je à mon ami lorsqu'il sortit.

Il me tira une moue hilarante. Nous partîmes à rire jusqu'à dehors. Son collègue l'attendais dans le camion, fumant comme un pompier * très pro' ! *. Alistair le prévins qu'il ne partait pas avec lui. Ce à quoi l'homme me jeta un coup d'oeil, me déshabillant du regard. Répugnant, en plu il était laid comme type !

- Oh, tu chopes le môme ? lui balança l'homme grossier.

* et ta mère connard ! Mon poing dans la gueule il va se choper s'il me regarde encore !*

- C'est ma cousine, crétin.

Pourquoi pas ! Le gars fit une tête trop drôle. Alistair salua son collègue puis nous pûmes partir.

- T'aurais du lui dire que j'étais ta nana ! Je t'aurais rouler un patin pour faire plus vrai ! Vu sa gueule et l'air supérieur qu'il crois avoir par rapport à toi, ça l'aurait calmé !

Alistair fut un peu surpris. Je trouvais mon idée excellente. J'aimais choquer les gens, tant dans mon style vestimentaire que dans mon comportement. Et être avec Alistair me donnais encore plus d'idées de conneries à faire.
Nous prîmes la direction du Starbuck, il n'était pas très loin à pieds et l'air frais nous ferait le plus grand bien.