L'âge des supériorité n'a pas de fin...

La limousine stoppa devant un austère et grand hôtel particulier. Les passants, de riches femmes ou de simples employés, promenaiennt leurs lévriers afghans et autres chiens, entre les boutiques de luxe et les taxis qui klaxonnaient. New York s'amusait toute seule. James, attendit qu'on lui ouvrit la porte, et descendit. La 5ème avenue et son luxe à exubérance n'était pas loin : il se sentait rassuré. Il alluma une cigarette, tira quelques bouffée, et la jeta sur le trottoir avant de se présenter à l'entrée.

Je suis James Buchanan, dit il un peu ennuyé de devoir parler à des gens autres que sa maisonnée, et je viens voir Monsieur Cassandre MacLochlainn.

On le fit entrer et patienter. Le jeune homme n'allait pas tarder. James avait reçu, dans la semaine, un message du jeune blond. A ce qu'il avait pu récupérer chez ses diverses sources il avait passé un an à l'Académie Royale Militaire de Sandhurst, au côté du Prince Harry de Galles. Une école militaire prestigieuse, ayant accueilli le fils du Grand Duc de Luxembourg, les deux princes d'Angleterre, Albert de Monaco et différents fils de la haute bourgeoisie européenne et Américaine. Elle était réputée pour sa rigueur et sa discipline... Un périple aux airs de punition. Ils savaient tout les deux pourquoi.

James se demandait s'il allait retrouver le jeune homme changé, maintenant qu'il était revenu. Aurait il gardé une part d'ombre ou aurait il sombré dans la rigueur toute militaire de son père ? James n'en savait rien, il attendait juste qu'on lui offre un verre de bourbon.

Il faisait froid dehors, il devait se réchauffer.

C'était bon de retrouver la vie New-yorkaise, de rentrer de nouveau dans la danse... Retourner au Manoir n'était pas une mauvaise chose. Son austérité convenait parfaitement à la personnalité paternelle. Comme si il avait pu me manquer. Malgré tout, j'y étais chez moi. Et rien n'y avait changé. Le jeu d'échecs était là, les pions toujours figés dans cette même position, un an après. Une partie presque terminée. C'était moi qui avait les noirs, me semblait-il. J'observais le jeu un instant, jambes croisées, menton sur la paume, avant de déplacer la Dame Noire et de faire basculer le Roi Blanc.

Échec et mat.

Cette petite victoire me fit sourire. Une partie commencée avec mon père. Il m'avait mis en échec, je venais de le mettre mat. Je me renfonçais dans mon fauteuil et croisais mes mains sous mon menton, me plongeant dans une introspection profonde. Je ne sursautais même pas lorsque George, un des domestiques, me toucha l'épaule pour attirer mon attention, sa démarche l'ayant trahi. Ou plutôt ses semelles.

Monsieur James Buchanan désire voir monsieur. Il patiente dans le petit Salon.

James. Ce très cher James. Il avait eu la chance de ne pas être arraché à cette vie passionnante... Il avait dit plus tôt dans la semaine qu'il passerait. Naturellement, il s'en était tenu à sa parole. On eut presque dit un petit soldat...

Bien. Ramène-nous quelque chose à boire. Il doit bien y avoir du bourbon.

Mais monsieur, votre père...

N'est pas ici.

Je me levais coupant court à la discussion et me dirigeait vers le petit Salon. James aurait-il changé en un an ? J'espérais que non. C'était tout de même agréable d'avoir quelqu'un de semblable avec qui partager certaines choses. J'entrai sans guère de cérémonie, j'étais chez moi, je venais de rentrer d'un camp militaire, alors j'avais un peu droit au relâchement.

James Hector Buchanan. Une tête dont on ne se lasse pas. L'Angleterre était bien fade sans ta brillante personne, fis-je avec un grand sourire.

George revint avec une bouteille de bourbon et deux verres.

Je me suis dit que tu apprécierais une boisson. Il ne fait pas vraiment chaud en ce moment. Bien que le climat soit tout de même foncièrement plus agréable qu'à Sandhurst.

James Hector Buchanan. Une tête dont on ne se lasse pas. L'Angleterre était bien fade sans ta brillante personne.


Flatteur, pensa James. Il appréciait être flatté. Entre gens du monde, s'envoyer des fleurs et faire des courbettes pouvait signifier deux chose : la personne en face veut vous planter un couteau dans le dos, ou alors, vous l'impressionnez et elle ne veut pas le reconnaître. Avec Cassandre, il pouvait s'attendre aux deux. James lui sourit, l'école militaire lui avait réussi. Disparue la démarche nonchalante des fils de millionnaires de New York, remplacée par une suite de déplacement simples, naturels, élégants mais teintés d'une certaine gloire militaire. La présentation, sureprésentation même, d'un garçon remis dans le droit chemin. James aimait ça. Au plus profond de lui, il savait que le Pardon était une chose réelle.

Il savait aussi qu'il ne pourrait jamais vivre sans faire du Mal.

Je suis ravi de te revoir, dit le Buchanan en lui serrant la main.

Je me suis dit que tu apprécierais une boisson. Il ne fait pas vraiment chaud en ce moment. Bien que le climat soit tout de même foncièrement plus agréable qu'à Sandhurst.

James avisa le domestique, et la bouteille de bourbon. Dans l'engrenage des dépendances, l'alcool se situait entre "Désir de faire du mal" et "Cigarette". Autant dire que c'était indispensable au bonheur de toute personne. On lui proposa de s'installer. James accepta d'un signe de tête et dit :

Tu connais mes faiblesses, Cassandre. Alors parles moi de l'Angleterre... Les anglais sont ils toujours aussi prétentieux ?

James Buchanan, Parangon de l'aristocratie, dans toute sa splendeur et sa décadence. Tellement dissemblable de ma petite personne, et pourtant si proche. Il appréciait tant que moi de jouer avec les gens, comme un chat avec une souris, juste avant de la dévorer.

Ravi de me revoir ? Je voulais bien le croire. Je me plaisais à penser qu'il avait besoin de moi, parce qu'il n'osait pas certaines choses dont je n'avais pas peur.

Tu connais mes faiblesses, Cassandre. Alors parles moi de l'Angleterre... Les anglais sont ils toujours aussi prétentieux ?

Tout comme tu connais les miennes, sans doute.

Personne n'est infaillible. Je fis tournoyer un instant le liquide ambré avant de boire une gorgée, en le savourant.

Prétentieux ? Quel euphémisme ! Ils sont aussi affligeant que ces cloportes qui se désignent comme "rebelles". D'un ennui ! Mais j'ai appris certaines choses là-bas, qui seront peut-être bien utiles.

Ce cher James et son faible pour l'alcool... J'observais mon ami. La vie de la grande-ville ne semblait pas vraiment le réussir, il avait l'air tracassé... J'eus un geste évasif de la main.

Mais ce n'est pas vraiment intéressant. Qu'est devenu New York durant ces douze mois... d'exil ? Tu m'as l'air bien pâle, ne me dis pas que tu te laisses marcher sur les pieds. Alors, dis-moi tout.

Mais ce n'est pas vraiment intéressant. Qu'est devenu New York durant ces douze mois... d'exil ? Tu m'as l'air bien pâle, ne me dis pas que tu te laisses marcher sur les pieds. Alors, dis-moi tout.

Il apprendrait bien un jour ou l'autre ce qui se passait dans ce foutu lycée, et les petites guerres adolescentes qui y régnait. James déclara alors :

Certains ne savent pas qu'elle est leur place. Ils ne méritent qu'une chose, c'est une punition. Une punition cruelle cela va de soi. Ils se disent rebelles, mais ignorent tout de la rébellion. Il s'agit pour eux de s'amuser avec de la farine, ou de saccager des robes haute couture. Toi comme moi nous savons que la rébellion, la vraie, implique des choses bien plus graves...

Je lui jetais un coup d'œil, alternant entre les sabres sur les murs et les peintures militaires à la gloire du Nord lors de la Guerre de Sécession. James faisait bien sûr allusion au pourquoi de l'exil de Cassandre... Le viol de Selena. En y repensant, il éclata de rire, et s'imagina la jeune fille humiliée et hurlante... tout ça pour un pari. Pauvre d'elle.

Mais maintenant que tu es revenu, cela va changer. Dresser des singes, c'est un peu dur, on a toujours peur d'être mordu. Mais dans le cas des prétendus "rebelles" nous pouvons aisément, ensemble, nous en occuper. Selena n'est plus seule, elle se fait accompagner désormais par un pseudo roi qui ne sait pas différencier sa droite de la gauche. Il se nomme Billy Stones, et j'ai furieusement envie de le voir pendu à la branche d'un arbre. Comme tout bon rebelle. Selena, nous pourrions toujours nous en occuper... plus tard.

Il passa un rapide coup de langue pour humidifier ses lèvres. Ses yeux s'étaient un peu écarquillés. Il imagina Billy mourir, dans les bras de Selena, un drame Iphigénien pathétique. Ils seraient tellement mignons ensembles... Cela aurait été si beau... Si guimauve. Si cela arrivait, James filmerait tout ça et l'enverrait à Gossip Girl.

Un autre mec l'accompagne aussi, il fait de la guitare. A croire qu'il a pris exemple sur Bob Dylan... Ils sont tellement caricaturaux des fois. Celui là ne vaut pas grand chose dans le genre chien à euthanasier. Son frangin a apparemment ouvert un casino clandestin... Comme si la prohibition n'avait jamais pris fin. Même Hillary Bush est plus trash que lui. Enfin. Selon mes sources, il la baise. Espérons qu'ils ne se protègent pas.

Il finit son verre en le vidant d'un trait. Joie de l'ivresse... James croisa ses jambes, contempla le blondinet, et dit d'une voix hypocritement innocente :

Bien sûr, notre clan peut compter sur toi. L'Aristocratie New Yorkaise a retrouvée un nouveau membre, nous n'allons pas te lâcher de si tôt mon vieux.

Lorsqu'il parla de la vraie rébellion et des choses bien plus graves qu'elle impliquait, je me renfrognais un instant. Mais, comme pour le principe d'équivalence, on ne peut rien obtenir sans faire de sacrifices...

Je l'écoutais s'épancher de son venin. J'observais son attitude corporelle, et l'écoutais. Billy Stones. Encore l'un de ces fantasques qui croyaient que se rebeller consistait en des jeux puérils, s'adonner à la drogue et dire des insanités... Sans grande prise de risques. Il n'était donc pas vraiment une menace, hormis à la crédibilité.
Quand à Selena... Selena n'était pas un problème, pas pour moi. J'avais tiré des leçons durant mon exil. J'avais eu le temps de réfléchir. Douze mois, c'est long, que l'on suive un "enseignement militaire" ou que l'on soit totalement oisif.
Un autre mec. Il n'avait pas de nom ? Avec un frère qui aurait un casino clandestin. Ah, le démon du jeu. Bien que le poker puisse être un bon passe-temps, lorsqu'on a du temps, et de l'argent, à perdre.

Avant de conclure son petit monologue, il vida son verre. Je n'avais pas bronché une seule fois. Son affirmation finale m'arracha un sourire. James avait l'air si sûr de lui. Si confiant. Pas un instant il n'eut songé que je puisse m'être rangé. Que cette leçon m'eut fait changé. Je posais mon verre sur la table basse avant d'entrecroiser mes doigts.

Tu sembles bien sûr de toi. Pas un instant il t'est venu à l'esprit que ce genre de... magouilles puisse ne plus m'intéresser.

J'observais sa réaction, et mon sourire s'élargit.

Mais ce n'est pas Cassandre qui laisserait un ami en peine, bien entendu.

Je nous servis de nouveau. Tant pis si la bouteille venait de la réserve personnelle de mon père.

La pendaison me parait bien noble pour Stones. Je suis sur qu'on peut trouver plus théâtral, plus digne de nous. Selena n'est pas le moins du monde une menace. Quand au troisième, il me semble que tu ne me dis pas tout, James. Pas un seul nom à me donner ? Pas d'autres information hormis la guitare ? Il existe des centaines d'égarés avec une guitare dans le dos.

Oui, il me semblait qu'il y avait quelque chose d'autre sur ce troisième gêneur. Un peu plus que le lien qu'il avait avec Selena et Stones ?

Tu sembles bien sûr de toi. Pas un instant il t'est venu à l'esprit que ce genre de... magouilles puisse ne plus m'intéresser.


Cassandre, changer ? Impossible. Le mal est trop bon, la meilleure des drogues, la plus belle chose que l'homme puisse faire : la seule qui puisse atteindre la perfection. Il ne voyait pas Cassandre changer, il ne le voyait pas se ranger du bon côté. L'aristocratie amenait à ce genre de comportements. Détruire le plus faible pour s'enorgueillir de l'avoir fait. Il observait ma réaction, je n'allais pas le décevoir. Je lui renvoyais un sourire enjoué, excité.

Mais ce n'est pas Cassandre qui laisserait un ami en peine, bien entendu.

Il me servit à nouveau, délicieux breuvage. Aussi vieux et aussi fort qu'il le désirait. Son problême d'alcool, il le réglerait demain... Ou après demain.

Je n'en attendais pas moins, mon cher Cassandre. Crois moi, nous allons nous amuser. La vie serait tellement ennuyante si tu n'étais pas là...

La pendaison me parait bien noble pour Stones. Je suis sur qu'on peut trouver plus théâtral, plus digne de nous. Selena n'est pas le moins du monde une menace. Quand au troisième, il me semble que tu ne me dis pas tout, James. Pas un seul nom à me donner ? Pas d'autres information hormis la guitare ? Il existe des centaines d'égarés avec une guitare dans le dos.

Comme si la vie d'une personne n'avait aucune valeur... Les enseignements du Père Brown étaient loin, désormais. Noyés dans des litres d'alcool, et dans le plaisir sadique qu'il avait a martyriser les gueux. Un rebelle ne vaut rien, sinon le peux de fric qu'il a dépensé dans ses vêtements.

J'ai réfléchi à une chose, dit James calmement. Selena est fragile, il sera facile de l'embobiner. Et le jeune Stones, encore plus. Glissons lui l'information que sa chère Selena a été violentée, et il courra vers l'agresseur. Et là, nous l'aurons. Tu te débrouille toujours aussi bien en escrime, rassure moi ? En ce qu'il s'agit du mec à la guitare... Je lui réserve moi même un petit truc. Il se nomme Alistair. Dans le genre gamin persuadé d'être un dur, on a pas fait mieux. L'écraser sera facile. Sinon, il y a aussi cette fille, totalement névrosée. La fille du Senateur Belley, une des notre auparavant... La pousser à bout sera un jeu d'enfant.

Il jeta un regard affamé à Cassandre, et dit d'un ton glacial.

Surtout avec ta belle gueule...

L'alcool, le jeu, l'envie de faire du mal, le vice, la haine. Ne venez pas dire qu'il existe du bon en l'être humain. Non, pour la plupart notre âme est aussi noire que la suie de l'enfer. James était presque fébrile en m'exposant ses idées. L'escrime retint mon attention.

L'escrime, mon cher, est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Je vois, tu veux pousser le Stones à me défier, ou une quelconque idée romanesque du genre. Ou plutôt une tragédie shakespearienne. Un duel de Tybalt face à Roméo ou Tybalt l'emporterait ? Sous les yeux de Juliette ?

Oh, je n'aimais pas particulièrement le théâtre, me donner en spectacle, mais l'idée était séduisante pour une âme viciée comme la mienne. L'Angleterre et son romantisme m'avait quelque peu contaminé sans doute, pour que j'en vienne à m'en identifier à Tybalt. Sauf que je n'étais pas vraiment du genre à me battre pour une fille, mais tout à fait à provoquer un ennemi.

C'était... amusant de voir à quel point James comme moi nous savions jouer sur les cordes sensibles l'un de l'autre.

Il réservait quelque chose à Alistair le guitariste donc. Et aussi à la fille névrosé du Senateur Belley. C'était bon d'être chez soi.

Somme toute, tu veux te servir de moi. N'ayons pas peur de dire les choses comme elles sont. Qu'est-ce que j'y gagne ? Pas une autre année à Sandhurst j'espère.

Jouer la réserve, pour le plaisir. Mais il était vrai que je ne voulais pas refaire un séjour en Angleterre. C'était bien trop morne.

Et pour cet Alistair, raconte moi. Qu'a-t-il fait, en plus d'être un pseudo rebelle, pour s'attirer ton courroux ? Et quel genre de plan as-tu pour lui ?

J'étais intrigué donc par ce Bob Dylan en carton-pâte, je ne voyais pas en quoi il pouvait intéresser mon ami... Nous aurions pu être jumeaux. Des jumeaux maléfiques même. Tant de noirceur... Quel merveilleux monde.

Somme toute, tu veux te servir de moi. N'ayons pas peur de dire les choses comme elles sont. Qu'est-ce que j'y gagne ? Pas une autre année à Sandhurst j'espère.

James ne se servait de personne, les autres le servait. Subtilité des mots, il adorait ça. Et il se ferait une joie de le rappeler à son sombre ami. Il vérifia que personne ne pouvait entendre, et exposa sa vision...

Je ne veux pas me servir de toi. Parlons d'un échange d'intérêts. Tu m'aide, alors que je t'offre de nouvelles victimes. En ce qu'il s'agit de Sandhurst, je pense que tu n'as pas trop à t'inquiéter. Nous ne serons que deux à être au courant, et si notre plan fonctionne, il ne restera que Selena...Et Billy aura juste été la victime d'un règlement de compte entre drogués de seconde zone. Les rares aristo qui sont allés en taule, y ont été mis par des aristos. Regarde Madoff, ce sont les bourgeoises comme ma mère grand qui l'ont détruits. La justice n'existe que parce qu'on l'autorise. J'ai plus de procureurs et de juges dans mon carnet d'adresse que d'amis de Saint Jude, c'est dire.

Il l'entraîna ensuite sur le terrain "Alistair". Et là, James exprima son génie malfaisant :

Si on réussit notre coup, Alistair se retrouvera sans un centime. Écoutes moi bien... Selena se retrouvera seule, avec le cadavre de Billy le Drogué sur les bras. On l'a dénonce à la police, pour trafic de drogue, et crois moi elle s'y connais, puisque je me suis retrouvé en garde à vue à cause de cette conne pour une affaire similaire. Tu t'en rappelle, et tu te souviens aussi de sa punition...

James éclata de rire. Puis, il enchaina :

Hé bien, si on l'a fait tomber, on explique qu'elle n'est qu'une dealeuse de merde, à la solde d'un plus gros poisson. Et ce poisson, c'est Tristan Galloway, tu sais le pseudo criminel. Je pense qu'il ne sais même pas différencier de la péruvienne et de la colombienne mais bon... Une fois en taule, le pauvre petit Alistair n'aura plus un centime... Et je ne pense pas qu'il puisse se payer une scolarité à 10 000 dollars par la suite... En somme : nous serons débarrassés des rebelles au lycée.

C'était ça, l'esprit de la folie, celle qui anime les plus grands et les plus audacieux. James en était rempli. Il ne craignait rien, absolument rien. Qui plus est, il adorait les drames. Le pauvre Alistair, une fois seul, serait manipulable à souhait, et s'il voudrait rester au Lycée, il devrait se convertir. L'Aristocratie l'accueillerait les bras ouverts.

James, ne le prends pas mal, mon cher, mais je t'aime, surtout quand tu as des idées comme ça ! Tu es absolument fou ! C'est ça qui manque à l'esprit anglais, cette magnificence diabolique.

J'aimais bien ses idées. Ses... Nos trois cibles allaient passer un mauvais moment. Ce serait faire tomber trois pions en un coup. Un coup de maître. Je bus à nouveau savourant la brûlure de l'alcool. Oui, j'étais sadique, oui, j'aimais faire souffrir les gens, j'aimais tout maîtriser... Je ne pris pas même la peine de réfléchir.

Je suis ton homme. Naturellement. Alistair, Billy et Selena, tu peux d'ores et déjà les oublier. Enfin, il suffit de tout mettre en place correctement... Et la pièce se jouera d'elle même.

Oui, on se rendait mutuellement service. S'il me garantissait l'immunité, façon de parler, pourquoi ne pas s'amuser un peu. S'il était le Roi, j'étais sans conteste son Éminence Grise, en quelque sorte. Du moment qu'il ne faisait rien contre moi, je pouvais bien accepter un roi.

Je levais mon verre.

A cette idée merveilleuse et à la suprématie de l'aristocratie !

Sans une pensée pour ceux que nous écraserons, bien entendu. J'avais hâte d'entamer cette nouvelle partie.

A cette idée merveilleuse et à la suprématie de l'aristocratie !

Il l'avait flatté, avec toutes ces paroles, gentiment soulignées par la douceur du bourbon... Avec Cassandre, il était sûr de réussir. C'était le genre d'homme qui était conscient du mal qu'il faisait, et qui adorait ça. Il était peut être un peu plus cruel que James, mais James aimait ça. Comme une sorte de complémentarité dans le machiavélisme. Levant son verre devant Cassandre, James trinqua et dit d'un ton qu'il voulait cruel mais qui n'égalait pas celui de son interlocuteur :

A notre suprématie. Les rebelles au Lycée sont définitivement finis.

Pour ponctuer le tout, il éclata de rire, un rire démoniaque et sonore.

L'Âge d'Or de l'Aristocratie venait de débuter.